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La SNCF ou la chronique d'un alcoolisme annoncé
27 juillet 2011

L'enfer, c'est les autres

La base même des transports en commun, c’est qu’ils sont en commun justement ! Quand on prend les transports matin et soir, un constat s’impose : nous sommes face à un observatoire grandeur nature de l’être humain.

Dans le train, quasi toutes les catégories socio-professionnelles sont réunies, et c’est là que ça devient drôle : on peut distinguer un certain nombre de caricatures dans les transports, et ceux-là sont souvent l’objet de toute mon attention.

La principale source d’information sur les gens, c’est leur téléphone. Comme je vous l’ai déjà dit, sur le trajet que j’emprunte, on perd le réseau à mi-parcours. Ca a du bon quand la nana d’à côté vous hurle des « Allo, Allo, tu m’entends ?? Allllloooooooo » depuis 3 minutes (mais tu vas la fermer ta grande gamelle ?), et c’est dommage quand la conversation du mec d’en face vous fait tellement rire intérieurement que vous regrettez que ça s’arrête déjà.

Voici le genre d’informations qu’il est possible de glaner dans un train au cours d’une conversation téléphonique :

·         je sais que le petit frère de Melle machin est un délinquant, que sa mère ne sait pas le gérer et qu’elle ne comprend pas que ce soit elle qui, du haut de ses 19 ans, soit obligée de faire la morale à sa mère pour qu’elle arrête de boire !

·         Je sais que Monsieur Truc part en voyage d’affaires à St Barthelemy, et que du coup il a envoyé toute sa petite famille à St Martin et qu’ensuite il va les rejoindre, parce que en France il fait vraiment trop froid (là je ne peux pas le blâmer). Mais je sais aussi qu’il est en train d’expliquer ça à sa maitresse qu’il emmène avec lui à St Bath’, mais que elle, elle ne passera pas par St Martin…

·         Je sais que le mari de Mme Bidule ne sait pas utiliser le lave-vaisselle, faire cuire de l’eau, où est rangé l’aspirateur, nous pire, ne connait pas l’adresse de la nourrice de ses gosses !

·         Je sais que Mr X, Mme Y, Melle Z se sont faits largués. Qu’ils sont malheureux, qu’ils pistent leurs ex respectifs, qu’ils appellent tous leurs potes pour savoir ce qu’est en train de faire l’ex en question à cet instant précis.

·         Je sais que Mme Chose a fait minute par minute durant le WE dernier, les vacances dernières, et ce qu’elle fera le WE prochain, les prochaines vacances.

·         Je sais où faire de bonnes affaires, où acheter un matelas pas cher, ce qu’Ikea fait comme promo en ce moment, qu’il y a la foire à la choucroute chez Carrefour, et que chez Auchan ils exagèrent de ne pas faire la foire à la choucroute parce qu’ils préfèrent la foire au cassoulet.

·         Je sais, je sais, je sais…

Tout ceci est également valable pour les discussions entre gens qui prennent le même train.

En observant, en sentant, en subissant on peut aussi apprendre (souvent à nos dépends) que :

·         Mr Trucmuche ne s’est pas douché ce matin, ni même les matins précédents probablement (parce que Mr Trucmuche est venu s’asseoir en face de vous, ou pire à coté, qu’il s’est levé 3 fois pour aller aux toilettes, voir le contrôleur, et pour descendre du train le 1er, et qu’à chaque fois ses mouvements ont été accompagnés de ses effluves).

·         Que Melle Zinzin aurai bien besoin d’un petit RDV chez l’esthéticienne vu ce qui passe à travers son collant.

·         Que Mr et Mme Tartempion ont profité de la fashion-week pour ressortir les fringues les plus improbables, et qu’ils ont décidé que la fashion-week elle allait durer toute l’année finalement.

·         Que Mme Bitonio a de la moustache, et que Mr Chose a les cheveux gras et des pellicules.

·         Et surtout, je sais que 50% des gens qui dorment dans le train ronflent et/ou bavent.

Restent les improbables, les inconcevables, les fous, les dingues, ceux qui hurlent dans le wagon, qui insultent les gens, qui se battent…

Je ne vous parle pas de ceux qui vous poussent pour rentrer dans le train quand vous essayer d'en sortir, ce ceux qui sont seuls et donc occupent 3 sièges (un pour leur cul, un pour leurs sacs, et un pour leurs pieds), ceux qui s'assierait sur vos genoux si vous les laissiez faire etc...

Et puis les autres, tous les autres, moi, vous, nous, dont d’autres passagers pensent forcément quelque chose. Peut être que nous sommes leur enfer.

 

foule-de-passagers-attendant-un-train-a-la-gare-du-nord-a-paris-2514192_1902 

 

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Commentaires
B
Bonjour,<br /> quand Sartre a utilisé cette expression c'était pour contester l'apport des psychanalystes structuralistes,qui avaient inventé le concept de Autre(lire grand autre),et que Sartre contestait,préférant l'expression les autres.<br /> Ce que vous consignez dans votre commentaire est exactement ce que les psy struturalistes décrivaient,à savoir que les hommes sont condamnés à gloser sur une altérité irréductible(autre=altérité):Sartre préférant l'expression enfer au lieu de glose.Mais dans les deux cas cela aboutissant à montrer la vie pesante de nos quotidiens condamnés à être des spectateurs passifs.
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