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La SNCF ou la chronique d'un alcoolisme annoncé
20 février 2013

Très cher Paul

Bonjour, bonjour,

Je ne peux pas résister, sans doute mon esprit de contradiction. Hier, j’ai reçu un charmant commentaire de Paul, que j’ai publié mais auquel je souhaite répondre publiquement. Je pense que vous tous, usagers du quotidien pris pour des moutons, apprécierez.

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« Si tu sais que ton train est en retard... Prends en un autre. Mieux, si tu ne veux plus prendre le train, prends ta voiture et arrête de geindre. Mieux encore, si t'as peur que ta twingo se fasse emmener à la fourrière parce que tu n'as pas envie de mettre 4 sous dans le parcmètre, prends un taxi. Et si malgré tout ça, tu ronchonnes toujours parce que force est de constater que tu es difficile a satisfaire (une frigide de la SNCF), change de boulot, et trouve-toi quelque chose à côté de ta maison de petite bourgeoise. Un petit boulot dans l'administration t'irait à merveille.
Avant que tu ne sois outrée par le tutoiement, je tiens à te dire que j'ai autant de respect pour toi que toi tu en as pour les agents SNCF qui sont des gens comme n'importe qui mais que tu prends horriblement plaisir à rabaisser à longueur de journée. Arrêtons de se croire supérieure aux agents SNCF, hein. »

Je vais donc me munir de ma plus belle plume et y répondre.

Très cher Paul,

C’est avec plaisir et ravissement que j’ai pris connaissance de votre commentaire ci avant exposé. Je vais m’efforcer de vous répondre point par point, en m’efforçant d’être exhaustive. Mais je tiens tout d’abord à commencer par la plus élémentaire des politesses, et vous saluer d’un bonjour, notion qui semble pour le moins vous avoir échappé.

Sur votre message :

-  « Si tu sais que ton train est en retard... Prends en un autre » : je me dois de vous exposer deux faits fondamentaux qui entrent en ligne de compte. D’une part, (tout comme vous je suppose), je travaille. Ce qui signifie, en substance, que je me dois de remplir mes obligations professionnelles avant de rentrer chez moi, et que je n’ai donc pas la latitude de prendre un train au beau milieu de la journée pour espérer rentrer chez moi à une heure décente. Le second point qui semble vous échapper, c’est que la majorité des trains de ma ligne présentent des retards plus ou moins significatifs mais néanmoins quotidiens, et qu’en conséquence, même si je modifiais mes horaires et mon rythme de vie, je n’en serais pas moins en retard pour autant. Je me vois donc dans l’obligation de conclure que votre suggestion est inopérante.

 

- « Mieux, si tu ne veux plus prendre le train, prends ta voiture et arrête de geindre. Mieux encore, si t'as peur que ta twingo se fasse emmener à la fourrière parce que tu n'as pas envie de mettre 4 sous dans le parcmètre, prends un taxi. » Mais enfin Paul, quid de votre conscience écologique ? Vous n’y pensez pas ? A l’heure où la planète entière semble se mobiliser pour l’avenir de notre belle Terre, où tout nous pousse à prendre les transports en commun, ou la SNCF installe des poubelles de tri sélectif sur ses quais, vous me suggérez de prendre ma voiture ? Je dois bien avouer que cela me navre. Outre ces considérations purement éthiques, je vous informe que je ne roule pas Renault, le risque de rentrer à vélo est bien trop élevé, et je ne vous apprendrai rien en vous disant que faire du vélo sur l’autoroute est strictement proscrit par la loi. Au-delà de tout cela, je reconnais bien ici le discours médiocre d’un agent qui considère depuis fort longtemps que les usagers ne sont pas des clients, que le prix qu’ils payent chaque mois ne leur donne pas droit pour autant à un service de qualité (même moyenne, nous nous en contenterions en ce moment !) Fort heureusement, les interlocuteurs SNCF que j’ai depuis quelque temps ont une mentalité bien différente et s’acharnent à tenter de rectifier le tir. Quand ils m’expliquent leur difficulté à faire parfois évoluer les mentalités, à faire intégrer la notion de clients, et qu’ils doivent finalement se battre sur tous les fronts, je ne peux que compatir à leurs difficultés devant la superbe démonstration que vous venez de me faire. Je vous invite à suivre de plus près le blog de la ligne, tenu par Monsieur Le Calvez, qui met, lui, toute son énergie à tenter d’améliorer le fonctionnement au quotidien et comprend la colère de ses clients. Si par capillarité vous pouviez être alimenté de sa volonté, il resterait un espoir pour vous.

 

- « Et si malgré tout ça, tu ronchonnes toujours parce que force est de constater que tu es difficile a satisfaire (une frigide de la SNCF), change de boulot, et trouve-toi quelque chose à côté de ta maison de petite bourgeoise. Un petit boulot dans l'administration t'irait à merveille. »  Encore une fois, je me vois contrainte de vous contredire. Il n’y a pas de femme frigide mon très cher Paul, il n’y a que de mauvais amant. Et force est de constater que si la SNCF était un amant, en ce moment, j’aurais amplement de temps de compter les tâches au plafond, d’inventorier les fissures de la chambre, et de me dire qu’il est temps de changer le literie. Et oui, la bourgeoisie a ceci de précieux qu’elle offre les moyens de faire les travaux nécessaires quand l’ennui prend le pas sur la plaisir, ne vous en déplaise. Quant à votre formulation d’un, je cite, « petit boulot dans l’administration », je crois y percevoir un semblant de dédain. Vous sentiriez vous donc supérieur à nos fonctionnaires ? Non, impossible, les leçons que vous me donnez vous placent évidemment bien au-dessus de ces basses considérations n’est-ce pas ?

 

- « Avant que tu ne sois outrée par le tutoiement, je tiens à te dire que j'ai autant de respect pour toi que toi tu en as pour les agents SNCF qui sont des gens comme n'importe qui mais que tu prends horriblement plaisir à rabaisser à longueur de journée ». Une fois n’est pas coutume, vous m’étonnez grandement. Pour ma part, je respecte bien plus les gens que je tutoie (à commencer par mon mari, ma fille, mes parents, mes amis…) que ceux que je vouvoie volontairement. Le vouvoiement a ceci d’intéressant qu’il permet de maintenir une distance nécessaire, voir vitale, avec les individus toxiques, agressifs, ou sans contenu qu’il est donné à tout à chacun de rencontrer. Alors je vous en prie très cher Paul, n’hésitez pas, et tutoyez moi, je ne saurai m’en offusquer. Quant aux agents SNCF, je ne peux que stigmatiser les incapables, les vindicatifs et les frustrés, et je ne peux qu’encourager et compatir avec les volontaires, les professionnels, et les impliqués.

 

- « Arrêtons de se croire supérieure aux agents SNCF, hein ».  La supériorité est une notion qui peut être bien subjective. Votre mépris pour les usagers mécontents, votre sexisme ordinaire qui consiste à me qualifier de frigide (je doute que vous auriez usé de ce vocabulaire en vous adressant à un homme) ou votre qualificatif de « petit boulot dans l’Administration » pourrait tendre à démontrer que vous vous sentez également supérieur à vos clients, aux femmes ou aux fonctionnaires. Pour ma part, je n’ai pas de problème avec les agents SNCF, seulement avec les incompétents, peut-être simplement êtes-vous les deux à la fois et ne faites donc pas la distinction, pourtant, je vous assure, les bonnes volontés existent à la SNCF.

 

Bien à vous,

Tagada60 (dont le train a été à l’heure ce matin, ça valait le coup d’être dit)

 

Ps : je vous joins un article du figaro qui démontre que les frigides ont tendance à se multiplier…

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 Edit: Très cher Paul, que vous ne souhaitiez pas dévoiler votre identité est une chose tuot à fait légitime, mais vous auriez pu saisir une adresse mail valide...

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